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Article écrit par :

Carole Manero

Lead Wireless Analyst 5G and Wireless Services Practice Leader

2020 devait en effet être une année clé pour le déploiement de la 5G mais le confinement aura causé de nombreux retards d’échéances dans le cadre du déploiement de cette nouvelle technologie. En effet, le ralentissement économique des pays dû à la crise du Covid-19 a entraîné le report de certaines étapes clés dans le processus de mise en place de la 5G comme la vente aux entreprises des télécoms des droits d’exploitation et la mise en place des premières infrastructures.

Un calendrier bousculé pour la 5G

Jusqu’ici, plusieurs pays membres de l’UE (dont l’Autriche, la Croatie, la France, la Pologne, le Portugal et l’Espagne) ont reporté les appels d’offres pour l’attribution du spectre de la 5G en raison de l’épidémie Covid-19. Confrontés à des retards dans l’organisation des appels d’offres, certains organismes réglementaires ont décidé d’attribuer des licences temporaires. C’est notamment le cas aux États-Unis, en Arabie saoudite et en Belgique. Cependant, les retards pris dans la mise en place des appels d’offres devraient être rattrapés durant la deuxième moitié 2020 ou au cours du dernier trimestre 2020. Les reports devraient, quant à eux, être de six mois au maximum, au moment de la reprise d’une activité économique « normale ». C’est le cas en France où les enchères ouvrant à l’attribution des fréquences sont reportées à septembre 2020.

Dans les zones où le report des appels d’offres pour attribution du spectre 5G a été confirmé, il faut s’attendre à des retards pour les lancements commerciaux. Les déploiements seront aussi repoussés de quelques mois, la fermeture des services municipaux empêchant tout simplement ces derniers de délivrer aux opérateurs mobiles les permis nécessaires à la construction de nouveaux sites. Outre les lancements, la couverture réseau reste une problématique centrale pour la 5G, d’autant que les déploiements pourraient être retardés. Aujourd’hui, le lancement de la 5G est effectif sur les principaux marchés du mobile mais la couverture réseau demeure sporadique et se limite aux zones très densément peuplées. Les deux prochaines années seront ainsi cruciales pour l’extension des réseaux. Le chemin pour parvenir à une couverture réseau nationale est encore long.

 

Des répercussions sur l’adoption de la 5G par les consommateurs

Les consommateurs pourraient se montrer réticents à l’achat de nouveaux smartphones coûteux et compatibles 5G. Les inquiétudes quant à l’impact des champs électromagnétiques sur la santé humaine – qui sont devenus de plus en plus manifestes dernièrement avec la destruction d’antennes 5G – pourraient trouver un écho alors que les études sur le sujet pourraient mettre plus de temps à se positionner. 

En Europe, le coronavirus est susceptible d’affecter le lancement de la 5G à court terme. Le nombre actuel d’abonnés est extrêmement faible et la croissance, si elle se confirme, devrait être lente. Pour autant, nous devons nous attendre à ce que le taux d’adoption de la 5G au niveau mondial soit plus faible que prévu.

 

Pour que l’Europe reste dans la course à la 5G, des investissements seront nécessaires

Il nous faudra sans doute patienter un petit peu plus longtemps pour récolter les fruits d’une extension de la couverture réseau 5G. Cette crise n’en reste pas moins gérable. Les déploiements de réseaux 5G pourraient être accélérés grâce aux financements publics. Alors que la Chine a lancé un plan d’investissement massif de près de 500 milliards d’euros pour financer les infrastructures, dont une majeure partie sera destinée au déploiement de la 5G, plusieurs pays européens doivent toujours se prononcer sur leurs rapports et leur implication dans cette nouvelle technologie.

Selon nos estimations, au niveau mondial, le cap des 2 milliards d’abonnés 5G dans le monde devrait être franchi d’ici 2026. Avant la fin 2026, la Chine représentera près de la moitié de ce nombre d’abonnés, l’effet de volume jouant à plein.