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Ce serait la première fois depuis 2008 que ce marché ne serait plus en déclin.

Le marché des services de télécommunications en Europe semble, d’après le récent rapport ETNO-IDATE, se stabiliser (EU-28), voire retrouver une très légère croissance (Europe élargie) sous réserve des résultats du dernier trimestre.  Tandis que, pendant cette dernière décennie, la dynamique nord-américaine contrastait avec le recul de l’Europe, la situation s’est inversée avec un marché outre-Atlantique très proche de 0 en combinant le recul de près de 1 % des mobiles sur les trois premiers trimestres et le maintien d’une légère croissance sur le fixe, portée par les câblo-opérateurs.

Croissance annuelle des revenus des services télécoms (ETNO, % )

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Dans cette situation assez médiocre sur les marchés occidentaux, malgré un remarquable succès auprès des clients de la 4G, la monétisation de l’accès mobile paraît osciller entre deux grandes options.

– Après un premier temps marqué par des offres illimitées, les opérateurs (arguant des risques de congestion) se sont orientés vers la fourniture de plusieurs niveaux d’abonnements selon la consommation de données. La pratique courante a été d’inciter les consommateurs de plus en plus actifs sur leur smartphone ou tablette à choisir un cap supérieur tout en faisant baisser le prix du Go. L’âpreté de la concurrence rend toutefois difficile cette approche pour échapper à une tendance déflationniste, notamment sur les marchés où les paramètres de différenciation de qualité ne paraissent pas jouer un rôle déterminant.

– Dès lors, on a vu les opérateurs se tourner vers la fourniture de services de contenu, notamment en zero rating, soit au titre d’accords avec des fournisseurs tiers (Vodafone, T-Mobile), soit avec leurs propres contenus (AT&T, Verizon) . C’est un élément de différenciation qui peut distinguer l’opérateur de ses pairs, pour autant que les contenus soient attractifs.

Mais certains voient là des occasions de relancer le débat sur la neutralité du Net. Où est le problème ? C’est bien sûr un avantage pour le consommateur. Mais les opposants au Zero rating raisonnent ainsi. Si le fournisseur du service a payé l’opérateur, on peut anticiper un risque de détérioration de la diversité et de l’innovation du secteur des applications au profit des plus gros acteurs, à même de financer leur accès au marché. Si le fournisseur de service appartient à l’opérateur (ou est contrôlé par lui), on identifie une discrimination si seul ce service bénéficie de ces conditions. Le problème est qu’il y a débat pour savoir si ces deux anticipations sont fondées, nécessitent une régulation ex ante particulière, et si surtout elles entrent dans le cadre de la neutralité du Net. L’administration indienne a interdit à Facebook de proposer un ensemble d’applications de base (dont son réseau social) gratuitement aux abonnés des opérateurs mobiles du pays. Le président Wheeler, pourtant à l’origine de l’’Open Internet Order’ (qui a été jusqu’à reclasser les FAI dans le régime des common carriers du Titre II du ‘Telecom Act’) a été jusqu’alors très prudent sur le zero rating,  en considérant qu’il fallait prendre le temps d’observer le phénomène. Certes, la nouvelle administration américaine va modifier la FCC et tout le monde s’attend à ce que le ‘Open Internet Order’ soit remis en cause.