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Dans un contexte de baisse des prix des matières premières, l’année 2016 pourra être marquée d’une pierre noire pour la région, notamment en Afrique subsaharienne qui a connu un niveau de croissance historiquement bas. Cependant, le rebond est prévu pour 2017, avec la remontée des prix du pétrole et des métaux et le retour à la croissance de grands pays tels que le Nigeria, l’Afrique du Sud, ou l’Angola.

Mais une dynamique positive du côté de l’écosystème numérique

Néanmoins du côté des télécoms, le marché reste dynamique, avec tout d’abord une progression continue du parc de cartes SIM, d’utilisateurs du mobile et surtout une montée en puissance du haut débit mobile. Les opérateurs télécoms continuent d’investir dans les réseaux haut débit mobiles, et à la fin 2016, il y avait plus de 100 réseaux LTE actifs dans 43 pays, la plupart ayant été lancés dans les deux dernières années. Ces tendances vont se poursuivre, avec un quasi-doublement du nombre d’utilisateurs mobiles haut débit d’ici 2021 et une progression tendancielle des accès 3G et 4G, stimulée par la baisse du coût des smartphones.

Si le mobile est l’accès phare à Internet, la fibre jusqu’à l’abonné, déjà bien en place au Moyen-Orient, commence également à émerger en Afrique du Sud, en Afrique de l’Est et au Maghreb. La 5G pourrait quant à elle faire l’objet d’un test grandeur nature lors de la Coupe du Monde de Football au Qatar en 2022.

Du côté des services, la région nous a habitués à un foisonnement d’innovations tant sur les marchés verticaux que pour les services
grand public : le succès emblématique de la m-money, mais également les services d’information pour les agriculteurs, les solutions d’e-learning, les applications d’e-santé, l’émergence de l’e-commerce…, tous les secteurs de l’économie sont concernés, avec des modèles variés allant du modèle privé au financement philanthropique. On observe également un mouvement de fond vers l’e-gouvernement, tant sur l’infrastructure que les services, intégrant également des projets
smart city.

En outre, l’année 2016 a été marquée par une accélération des levées de fonds en direction des start-up, toujours vers les trois trois pays leaders, le Nigeria, l’Afrique du Sud, et le Kenya, mais aussi vers de nombreux pays du Maghreb, de l’Afrique francophone et de l’Afrique de l’Est. L’écosystème numérique commence donc à se mettre en place.

Au final, même si l’actualité économique nous a amenés à réviser nos prévisions de marché à la baisse, le marché des services télécoms garde en Afrique et au Moyen-Orient une croissance supérieure à la croissance mondiale, de l’ordre de 2,8 % sur les cinq prochaines années pour l’ensemble de la zone et de 4,2 % en Afrique subsaharienne. Certains pays tels que le Nigeria, l’Iran, l’Égypte et l’Afrique du Sud seront décisifs dans cette dynamique de croissance.

Les défis qui restent à relever

  • Accorder une vraie priorité à l’accès du plus grand nombre à l’Internet

Aujourd’hui seul un Africain sur quatre accède à l’Internet, un habitant sur deux au Moyen-Orient. La couverture des zones rurales, où habite plus de la moitié de la
population, reste insuffi sante, avec des problématiques de retour sur investissement pour les opérateurs cellulaires. Le satellite constitue une solution adaptée, avec des possibilités de partage de connexion à partir d’un hotspot Wifi ; plus innovantes, les alternatives poussées par Google et Facebook, ballons et drones, ont été confrontées à la dure réalité de l’expérimentation, avec le crash des deux drones lors des vols d’essai et des empêchements réglementaires pour les ballons de Google.

  • Attirer les investisseurs et trouver de nouveaux modèles de financement

Le financement des réseaux est un enjeu clé, avec des sources variées : purement privé, public ou mixte. Au-delà des partenaires institutionnels
tels que la Banque Mondiale ou la BAD, les opérateurs mobiles cherchent à améliorer le retour sur investissement, avec des solutions de sharing ou d’outsourcing
des pylônes. Les États quant à eux développent des modèles de financements innovants, avec des dispositifs associant capitaux privés et publics ; les partenariats PPP sont en particulier en développement. Enfin, des alliances régionales telles que la CEDA ont œuvré à la création de backbones
transfrontaliers et la baisse des coûts de roaming.

  • Développer les contenus locaux

Le manque de contenu local est un autre frein au développement de l’Internet, avec dans certains pays la barrière de l’alphabétisation : les contenus disponibles en ligne sont en anglais et en français alors que la majorité de la population ne parle pas ces langues. Parallèlement, la création de contenus locaux est relativement
faible, comme en témoignent par exemple les apports à Wikipedia, bien plus faibles en Afrique que dans le reste du monde. Pourtant, la région n’est pas en reste sur les contenus, avec le Nollywood nigérian, deuxième producteur mondial de films, et aussi les productions audiovisuelles égyptiennes.

Un marché aiguisant l’appétit d’acteurs mondiaux

Un marché télécoms en phase de concentration

L’Afrique et le Moyen-Orient disposent de grands opérateurs panrégionaux, à commencer par quelques leaders locaux : le sud-africain MTN, l’émirati Etisalat et le saoudien STC, qui se sont étendus à partir de leur marché domestique ; également d‘opérateurs européens ou indien recherchant des relais de croissance : Vodafone, Orange, Millicom, Bharti Airtel. Les cinq plus grands opérateurs de la région, à savoir MTN, Vodafone, Orange, Etisalat et Airtel concentrent près de la moitié des revenus du marché télécoms. Cependant la trop forte concurrence dans certains pays (jusqu’à 6 licences mobiles dans certains pays) conjuguée aux besoins de financement des réseaux 3G/4G, vont sans doute conduire à des mouvements de concentration nationaux et transnationaux, comme cela a été observé en 2016.

La bataille des services

Les géants américains, notamment Google et Facebook, s’intéressent de près à l’Afrique et au Moyen-Orient. Google en particulier est présent sur les terminaux, avec des services dédiés ; Facebook a quant à lui lancé la plateforme Free Basic, en partenariat avec les opérateurs. Mais des acteurs chinois pourraient également bouleverser la donne : après avoir pris des parts de marché sur les équipements (ZTE, Huawei), les terminaux (Transsion) et le contenu (StarTimes), ils pourraient s’attaquer au marché des services ; ainsi, la plateforme WeChat a été lancée en Afrique, avec son modèle intégrant la messagerie, mais également le paiement, l’e-commerce et l’accès aux contenus.

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