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Article écrit par :

Jacques Bajon

Directeur d'études

Cet ensemble, tiré par l’Afrique subsaharienne, représente le marché TV le plus dynamique au niveau mondial, aujourd’hui et pour les cinq ans à venir. Avec une croissance moyenne annuelle de 5.1% (hors Turquie et Israël), l’Afrique subsaharienne affiche la plus forte dynamique, avec une progression moyenne de 5.7% par an pour atteindre 9 milliards EUR en 2021.

Avec une population jeune et en forte croissance, une progression de la classe moyenne en Afrique, des perspectives économiques favorables à moyen terme malgré le trou d’air lié à la crise pétrolière dans les pays du Golfe, les éléments de contexte socio-économiques sont favorables à la dynamique de la région, y compris dans l’audiovisuel. Ces perspectives favorables se manifestent via la croissance de l’équipement TV, particulièrement en Afrique subsaharienne, la progression des réseaux télécoms mobiles venant ajouter de façon massive un nouvel écran de consommation vidéo.

Le rôle central du satellite comme mode de réception devrait se confirmer.

Plus de 80% des foyers reçoivent la télévision par satellite en Afrique du Nord/Moyen-Orient (MENA), et plus de 40% (en croissance) en Afrique subsaharienne. Les réseaux alternatifs sont en effet dans une dynamique moins forte. La numérisation du réseau terrestre peine à se concrétiser. Néanmoins la TNT conserve de belles perspectives en Afrique subsaharienne. Les réseaux IPTV et câble resteront des compléments, à quelques exceptions près. Ainsi, les réseaux câble & MMDS restent une solution (dans un environ légal parfois incertain) en Afrique centrale et de l’Ouest, l’IPTV une option dans des pays du Golfe. Les déploiements de fibre optique annoncés devraient permettre d’augmenter la pénétration de cette technologie, de façon très mesurée cependant. Mais c’est une autre révolution qui est en cours. Portées par les développements des accès mobiles 3G et maintenant 4G, les offres vidéo OTT vont bénéficier d’un support majeur de distribution, particulièrement vers une population jeune.

Un quasi-doublement des abonnés TV d’ici cinq ans, en parallèle de la progression des services vidéo OTT.

Ces offres OTT – plutôt low-cost – participent, avec les très forts niveaux de piratage encore enregistrés dans la zone, à une tension à la baisse sur les prix des offres à péage. Un autre élément vient renforcer cette tendance, la volonté d’adresser les nouvelles classes moyennes avec des offres moins premium et plus locales, tant en termes de plateformes de services que de programmes. Nous prévoyons ainsi une progression soutenue des services de télévision à péage (dont la pénétration est très faible), proportionnellement supérieure en volume d’abonnés qu’en valeur de marché. Cette tendance, inverse des marchés TV leaders, se fera en parallèle de la progression du marché encore naissant de la (S)VOD. Face à l’arrivée de poids lourds du secteur, Netflix et Amazon, et à la progression de leaders comme StarzPlay, le marché, comptant plus de 20 plateformes, devrait à terme se consolider.

La télévision en clair reste néanmoins dominante en Afrique/Moyen-Orient, seulement 14% des foyers étant abonnés à des offres TV en 2016.

La TV en clair fait néanmoins face à deux problèmes structurels. Au-delà de quelques groupes puissants qui captent 70% des recettes publicitaires de la zone avec leurs chaînes panarabes en pénalisant les marchés et acteurs locaux, le marché est peu structuré, avec la place toujours importante de groupes publics disposant de peu de ressources et de groupes privés à la situation financière instable. Par ailleurs, la faiblesse du marché publicitaire TV, notamment liée à l’absence de mesures d’audience homogènes, est un mal récurrent. Nous estimons néanmoins que ce potentiel publicitaire sous-exploité est un relais de croissance potentiel pour ces marchés, en particulier en Afrique subsaharienne.